La semaine la plus curieuse des « vacances » est bien la semaine dite de « la rentrée ». Tous les lieux touristiques se vident instantanément, comme si tout le monde faisait son entrée au CP !
Puis, benoîtement, tous ceux qui auront été refusés au CP, pour cause d’âge trop avancé et de ventre rebondissant, tous ces braves gens vont reprendre le chemin de la plage, du lac et de l’intermarché.
On va donc profiter de ce désert vacancier pour remettre en fonction les voiles d’avant ! Notamment le fameux « spi » dont l’usage est très limité en juillet et en août.
Il vaut mieux être 3 sur un multimono pour manœuvrer un très grand spi asymétrique. L’asymétrique est d’ailleurs le seul modèle de spi préconisé par les fabricants de voiliers.
Sur multimono, les écoutes de spi passent chacune dans un moufle de deux poulies (1 et 2) formant un Z. Il faut par ailleurs arrimer les « ailes » sur l’arrière du plat-bord (3).
On a beau y être habitué, la mise en place du spi et de tout ce qui va avec demande de la patience et de la logique.
Puis il faut d’abord affronter le vent de face.
Un vent d’Ouest et de force 3. Le vent idéal de Sanguinet.
Le ciel est voilé mais la température s’avère très douce et l’on peut se dispenser de porter des lunettes de soleil… Un temps idéal pour faire des essais.
Et en cas de manœuvres insolites, on peut compter sur le bateau d’assistance, celui de Pierre (à ne pas confondre avec le bateau de la police).
Parvenu à 3 ou 4 km du point de départ, il est temps de passer au vent portant…
Le bateau navigue au grand largue. Le foc est encore hissé. Il sera affalé rapidement vu qu’il fait double usage avec le spi.
Commencent alors les manœuvres délicates de virement de bord, au vent arrière. Le plus délicat consistant à faire passer le spi d’un bord à l’autre… sans qu’il ne se coince dans l’étai d’avant !
Là se trouve tout l’intérêt de l’entraînement de ce jour.
Regardons l’ensemble de la trajectoire au vent portant :
Le spi asymétrique est efficace aux allures de grand largue. Il l’est beaucoup moins au plein vent arrière. Il est donc indispensable de tirer des bords, donc il faut virer….
Regardons en détail le principe de cette manœuvre qui impressionne toujours les marins :
1-/ Le bateau est tribord amure, grand largue. On se prépare…
2-/ Légère inflexion de barre pour revenir dans l’axe du vent. On commence à border la Grand-Voile et… on laisse filer l’écoute de spi babord. Le spi se trouve déventé.
3-/ Le voilier est presque dans l’axe du vent, la GV également et l’écoute de spi se trouve en avant de l’étai.
4-/ Légère inflexion de barre. Le point d’écoute du spi passe de l’autre côté et juste après la bome et la GV s’apprêtent à faire de même.
5-/ On commence à border le spi côté tribord. La GV a passé l’axe du bateau et on la laisse filer sur tribord pour prendre sa position grand largue.
6-/ Spi et GV sont en place pour un nouveau bord de largue.
Le plus délicat se situe dans les phases 3 et 4. La voile d’avant doit passer en premier… sans se bloquer dans l’étai. La synchronisation des actions entre le barreur et les équipiers d’avant est le point crucial de cette manœuvre.
Voilà pourquoi il faut s’y entraîner avant de se lancer dans toute régate qui comportera forcément un bord au vent portant.
Alors, qu’est-ce que ça donne sur Potemkine ?
On commence à laisser filer l’écoute babord (jaune). Le barreur commence à border la GV tout en se rapprochant de l’axe du vent.
Le point d’écoute du spi se rapproche de l’avant du bateau…
Puis… scrountch…
Une partie de la toile est allée se plaquer contre l’étai.
Le barreur a manœuvré trop vite, la GV est déjà passée mais pas le spi !
Alors… pour débloquer la situation, on tire sur l’écoute tribord (grise). Mais les nœuds d’attache des écoutes se coincent contre l’étai…
On voit bien ici ce blocage… qui peut se débloquer, certes, en tirant un peut plus fort sur l’écoute grise…
C’est ce que fait Brigitte…
… Et ça finit par passer.
Mais,
quelques instants plus tard, le passage en force autour de l’étai se rappellera à notre bon souvenir : le nœud d’écoute se défera et l’on n’aura plus d’action possible sur le spi !
Heureusement que l’on pourra l’affaler, quelques instants avant l’arrivée au corps mort.
Les nœuds d’écoute avaient été transfilés pour résister jusqu’à une certaine tension et… pour céder si la tension était trop forte.
C’est ce qui s’est passé sur ce virement pour l’écoute grise (après blocage contre l’étai).
Il faut donc poursuivre l’entraînement, par petit temps, afin d’obtenir une meilleure synchronisation des actions de barre et de manœuvre sur les écoutes de spi.
Mais d’autres détails restent à travailler…
… tel le mode de fixation du guindant sur le bout dehors. Un quart d’heure de plus de navigation et le spi partait seul à l’aventure vers l’avant.
Et dire que maintenant…
… il faut ranger tout ça.
Travail que l’on fera dans la joie, la joie d’avoir échappé à une petite averse qui a contourné le lac !
Et oui, le lac oblige les averses à le contourner !
C’est vraiment spécial à Sanguinet.
Et le matin, quand le temps est correct et le vent agréable…
… ceux qui se lèvent tôt (avant 10 heures) viennent parfois s’entraîner à manœuvrer le multimono. Ce matin-là, c’était le tour de Simon (il avait encore ses lunettes). Le matin, à défaut de vent général bien établi, on dispose d’un petit vent de Nord-Est qui peut forcir, qui peut mollir et varier dans les directions. Il faut être à la disposition du vent et s’accommoder de ces variations. Une bonne part du « savoir naviguer » se trouve dans cette faculté d’accommodement. Il faut faire avec…
Après un circuit dans lequel on est parti au grand largue, on a connu du vent travers, du près bon plein.
Et pour le retour,
… idem, du largue, du travers et du près très variable.
Surtout lorsqu’on rentre dans la zone de l’arrivée, protégée par les grands pins. Les coulées de vent peuvent prendre des directions imprévues. Faut faire avec….