Après les épopées ventilées des 9 et 10 juillet, commence une série de journées plus propices à la prise en main du Multimono. Nous allons donc faire un test grandeur nature : peut-on lâcher seuls sur le lac, Philippe et sa fille Clémence ? On sait que Clémence est sérieuse et retiens tout dans le moindre détail. Mais son père ? C’est bien beau d’être ingénieur et de manier la torche plasma, mais la barre du multimono sur le lac, c’est une autre affaire.
Vous remarquerez que pendant ces tests, Caminar est en position d’espionnage discret…
Jusque là, tout va bien, Clémence a trouvé le bon angle pour bloquer l’écoute du foc dans un taquet qui a vieilli et qui a pris un peu de jeu. On négocie l’échange de la pièce usée avec Wichard…
Et toujours Caminar en position de surveillance… Ou en mission de monstration des voiles typiques, des voiles devenues « voiles traditionnelles du lac de Sanguinet ». On fabrique de l’histoire.
Des voiles qui, sous les ordres de Philippe, remontent très bien le vent d’Ouest, un vent traditionnel de force 3.
On notera ce très beau parcours face au vent, avec des bords relativement courts ; il fallait éviter d’autres bateaux le plus souvent aux mains de stagiaires.
Un vent qui vous emmène en une heure en face du camping la Rive, là où sont toujours à l’œuvre…
… les catamarans de l’école anglaise d’après Brexit.
Comment est-on arrivés là, il suffit de regarder la carte de cette première partie de parcours.
Nous sommes, à ce moment-là à 8 km (en ligne droite) du point de départ. Plus de 11 km si l’on tient compte des détours. 11km en une heure, cela fait du 6,5 nœuds de vitesse moyenne, ce qui est très bien pour un vent naturel ne dépassant pas les 8 nœuds.
Et il faut entamer les manœuvres pour passer au vent portant, au vent « arrière » qui est censé nous ramener au point de départ.
C’est toujours une manœuvre qu’il faut prendre au sérieux même par petit temps. Une excellente façon de travailler les habitudes.
Cette fois, on vire face au vent, comme si l’on devait changer de bord dans une allure de près. Mais, une fois que le vent passe sur l’autre côté du navire, on ouvre assez rapidement les deux voiles, tout en agissant sur la barre pour rester sous un angle de vent de 150° environ.
Puis un second virement par vent arrière sera nécessaire. Cette fois, il s’agit de ce que l’on appelle improprement un « empannage ». Il faut faire passer l’autre bord de la voile au vent portant. On changera donc bien d’amure. De babord-amure, nous allons passer tribord-amure, avec un passage (très contrôlé) de la bomme dans l’axe du plein vent arrière… Le multimono nécessite cette prudence, ce n’est pas un modeste cata avec une grand voile sans bomme.
Sur cette allure de grand largue, très intéressante, on remplace le foc par un gennaker, sorte de petit spi. Le grand spi, ce sera pour plus tard.
Il faut tenir l’écoute du gennaker à pleines mains (et avec des gants aud-delà de force 4).
Tout ceci nous donne un parcours retour parfait :
Des « virements de bord » vent arrière avec le gennaker… dont le nœud d’écoute peut aller se coincer dans l’étais avant.
Des manœuvres qu’il faut répéter, avec plaisir, des dizaines de fois avant de maîtriser tous les imprévus qui peuvent surgir.
Parmi les imprévus,
… figure le temps agité, voire un tantinet grisonnant. Et dans ce cas, on se retrouve seul sur le lac avec, pour seule compagnie, deux catamarans class A du Club de Voile de Sanguinet :
Sanguinet avait parié sur l’avenir olympique du class A. Mais d’autres en ont décidé autrement…
Comme les class A, il faut s’entraîner à tirer des bords face au vent :
Puis il faut s’entraîner à trouver le meilleur parcours au vent portant :
Mais avec le multimono, il faut éviter les hauts fonds de moins de 1,50 m (en vent arrière).
Le multimono étant un voilier « collectif », il faut évidemment s’habituer à embarquer une dizaine de personnes, comme ce jour de 14 juillet :
Parmi tous ces voyageurs, tout le monde aura reconnu Tiago, le célèbre plongeur subaquatique :
Le seul plongeur de Sanguinet qui n’a pas besoin d’aller sous l’eau pour mettre masque, tuba et palmes.
Aller aux Caraïbes pour faire de la plongée sur-aquatique, c’est bien mais le plus difficile est de repartir des Caraïbes dans 50 cm d’eau. Faut bien calculer son point de départ afin d’éviter les obstacles de toute sorte : rochers d’alios, engins motorisés barbotant, nageurs assis dans l’eau, etc.
Il faut également faire partager les joies de la barre. Mais il arrive que l’impétrant s’endorme avant de passer aux actes…
D’autres, prennent des consignes précises…
… sur le cap à tenir. Tu vois l’arbre en boule là-bas, au coin de la forêt, eh bien tu vises la branche du bas et tout ira bien !
Facile à dire…
Mais après toutes ces épreuves, arrive le grand jour…
Le jour du premier départ sans autre personne que soi à bord.
Une suite de formalités…
1-/ Il faut s’amarrer à la bouée et bien ranger l’annexe du côté au vent du bateau. Puis on enlève la housse de grand voile.
2-/ On relève la bome (normalement, il vaut mieux le faire avant d’enlever la housse de protection).
3-/ On abaisse le safran et l’on met un peu de dérive. Enfin, on hisse la grand-voile, les deux drisses à la fois.
4-/ Alors que le guindant de grand voile n’est pas trop tendu, on finit de hisser la vergue. Cette manœuvre finira de tendre le guindant.
5-/ C’est le tour du foc. Placement des écoutes.
6-/ Pour faire pivoter le bateau en travers du vent, on se sert du foc tout en maintenant l’amarre dans l’autre main.
7-/ On sent que le bateau avance, dans la bonne direction. Il est temps de larguer les amarres.
8-/ Le bateau double sa bouée d’encrage. On borde légèrement le foc normalement et idem pour la grand voile.
9-/ C’est parti !
Philippe et Clémence commence une carrière en multimono.
Comment s’est passée cette première sortie en autonomie ?
A suivre….