Maylis fut donc une des premières à rallier les Caraïbes début Juillet. L’école était finie, paraît-il, l’appel du large se fit entendre…
La grande sœur, Soizic, est une pratiquante de la voile au club de voile de Sanguinet, section catamaran. D’où la tenue professionnelle propre à cette discipline. La copine, Marie Lou, découvre la voile sur le trampoline du multimono.
C’est donc Francis qui, ce jour-là, avait calé la barre, laissant Caminar chercher son chemin. Avec du petit force 3, le voilier se débrouille tout seul, le chemin des Caraïbes, il connait !
La température est déjà assez élevée dans le lagon. Peu de monde. On peut faire sa star dans l’eau transparente, au milieu des poissons que le vacarme des hélices n’a pas encore fait fuir.
Sur le chemin du retour, au vent portant, c’est Lucia qui découvre la direction du bateau et … avec talent !
Quant à Maylis, elle mime les gestes du bon barreur.
Une belle journée traditionnelle, du 25° et du vent gentil.
Et surtout… un magnifique lac, désert !
Ça va pas durer…
Mais temps que ça dure, les anciens en profitent…
Et Jean Michel vous explique que le lac de Sanguinet est le plus bel endroit du monde, qu’il faut le dire mais pas trop et surtout pas à n’importe qui.
C’est bien l’avis de Liliane…
… qui connait le lac depuis, depuis… tant d’années, depuis le tout début des planches à voile ! Ah, les planches à voile Bic… ça, c’était du sport . C’était aussi le temps où l’on traversait le lac en bateau, puis, depuis l’autre côté du lac, on rejoignait l’océan, à vélo, en passant par les chemins escaladant les dunes !
Une autre époque…
… que les jeunes ne peuvent pas imaginer. Dans les dunes boisées, la wifi ne passe pas !
Pendant ce temps, du côté des Oréades, on s’affaire lourdement autour de Liku :
Sébastien a fait réviser le moteur de 30 CV de son bateau. Et il démarre au quart de tour !
Ce qui ne démarre pas au quart de tour, c’est toujours la dérive qui reste coincée dans son puits ! Le sable de corail remplit à merveille la fonction de… ciment ! Bien-sûr, sur le pont du multimono, se trouve une trappe par laquelle on peut « taper » sur l’arrière de la dérive.
On a tapé, tapé… par l’intermédiaire d’un tasseau de bois avec embout protégé par du caoutchouc.
Rien n’y fit !
La question fut posée aux techniciens des Oréades qui ont l’habitude de résoudre des problèmes techniques au quotidien et tout aussi énigmatiques.
« Pas étonnant que tu n’y arrives pas !
– Ah bon ! et pourquoi ?
– Lorsque tu tapes avec ta masse, le tasseau de bois et le caoutchouc absorbent les vibrations or ce sont les vibrations inhérentes au choc qui peuvent débloquer la dérive !
– Ah bon…
– Il faut remplacer le tasseau de bois par une tige de fer !
– Bigre, du fer ! »
Reste à imaginer et à fabriquer l’outil suivant :
Le rond de bois représente ici le dos de la dérive censé recevoir toute l’énergie communiquée par la tige de fer… Tout cela sans endommager outre mesure la dite dérive !
Et…
Cela a fonctionné !
la dérive de Liku est désormais en mesure de fonctionner aussi bien que celle de Potemkine !
Ça tombe bien. Liku va être enfin prêt pour sa première virée sur le lac, et quelle virée !
On attend tout le gratin mondial de la Silicon Valley !
Incroyable, une entreprise High Tech de l’Internet à choisi Sanguinet et les multimonos pour son séminaire annuel !
On va vous raconter cela…
Eh oui, ce 6 juillet, ce sont 20 jeunes spécialistes du monde des affaires Internet, liant les « Annonceurs » et les « diffuseurs », qui sont venus reprendre contact avec les réalités, celles du vent et de l’eau.
Yann, le directeur de cette entreprise du web, a prévu 3 équipes de 7 informaticiens par voilier. La plupart n’ont jamais mis les pieds sur un voilier. Yann est le propriétaire de Black Pearl, le multimono noir que l’on avait vu à Sanguinet en 2014.
Une légère brise venue de l’Est permettait d’envisager une navigation plus proche de la promenade que de la régate olympique. Francis et Jacques, fidèles à Caminar et sur Potemkine, Pierre et Jean Michel sont à la manœuvre.
Les trois bateaux vont essayer de se suivre, ce qui est facile à dire mais plus délicat à faire du moins jusqu’au bout…
Sur Caminar, poussé par le vent d’Est, les passagers ont envahi les trempolines, plus pour s’y reposer que pour lutter contre les forces du vent.
Et voici donc Potemkine dans le sillage de Caminar, les deux photographiés depuis Liku, le 3ème larron de l’histoire. Les 3 multimonos en même temps sur le lac, c’est une grande première.
Les trois multimonos dans la baie des Caraïbes, c’est aussi une grande première. Ils prennent toute la place.
Et comme à chaque escale aux Caraïbes, les matelots sont invités à gravir les 900 cm de la « montagne » afin de contempler le paysage…
Et dire que ce sont eux (et elles) qui subrepticement agrègent vidéos à d’autres vidéos selon votre profil que facebook, google… ont tracé de vous. C’est grâce à eux, entre autres, que vous recevez de la pub pour le viagra, une fois les 70 ans passés.
Pour l’instant, les séminaristes s’adonnent à une discussion sereine sur les bienfaits de l’apesanteur en eau douce…
… et les bienfaits d’un bain de pied en eau douce à 27° avec un ciel légèrement voilé. On est loin de l’algorithme miraculeux qui vous propulse une vidéo sur des millions d’adresses facebook. Mais…
… c’est l’heure de reprendre le chemin du retour. Le vent a baissé de quelques points. On quitte donc les Caraïbes, cap au Sud, juste pour…
se donner l’illusion que l’on va atteindre le continent que l’on aperçoit, là-bas, au loin dans la brume.
Et c’est alors, qu’un évènement totalement insolite se produisit sur Liku : Yann, le patron, se retrouva à l’eau !
Était-ce le début de la Révolution ? Nul ne le sait, pas même Yann.
Et tout rentra dans l’ordre… Yann s’assécha rapidement…
Certains courageux s’essayèrent même à la barre :
C’est un début prometteur. Il faut trouver son chemin face à un vent d’Est très timide, comme en témoigne le relevé gps :
On est assez loin d’un parcours olympique, mais les connaisseurs reconnaîtront les bords au près et… les bords en droite ligne accomplis lorsque le vent était proche de 0. C’est dans ces conditions particulières que l’on mit en route le moteur de Liku… Une légère entorse à l’éco-navigation.
Mais une entorse qui nous permit de refaire notre retard sur les deux autres voiliers qui avaient sorti les avirons…
On ne dira pas qui était à la barre…
… lorsque la dérive de Liku s’enfonça dans le sable d’un haut fond, haut fond plus haut que d’habitude. Un coup d’hélice bien placé et direction l’arrivée.
Nous avons fait une grande promenade, certes…
Mais peu de chose si l’on prend tout le lac en référence.
De quoi fournir matière à bien d’autres séminaires !
Ce dimanche 9 juillet était le jour choisi par une équipe venue de Fouras en Charente pour essayer le multimono. Et ce jour-là, c’était force 5 ! Avec 2 ris de pris et le foc attenant, Potemkine et Caminar affrontèrent donc ce vent océanique et le clapot sévère qu’il soulève.
Et malgré ces deux ris de pris et le clapot transversal, le multimono trace sa route en se jouant des éléments déchaînés et tout cela sans trop giter !
A la barre ce jour-là, Pierre… qui d’habitude évolue sous l’eau.
Puis, parvenus au-delà des bouées jaunes, il est temps de revenir c’est-à-dire de passer au vent portant…
Au vent arrière, le multimono est plus à l’aise aux allures de grand largue plutôt que plein vent arrière. Évidemment, s’impose alors la manœuvre de virement de bord par vent arrière (abusivement appelée « empennage » par ceux qui ne maîtrise pas cette opération).
C’est l’occasion, pour les futurs constructeurs charentais, de prendre la barre.
Un test de multimono dans des conditions météo assez sévères.
Ce jour-là, sur l’eau, on ne rencontra personne… C’est tout dire.
Bien-sûr ces deux heures de navigation ne donnent qu’un petit aperçu du vaste lac de Sanguinet. Car, si l’on replace notre circuit du jour sur la carte entière du lac…
… on s’aperçoit que l’on n’a pas vu grand chose du plan d’eau.
Mais, pour certaine, c’était suffisant :
Le vent avait un peu fléchi ce 10 juillet, mais à force 4 tout de même.
Des habitués aux commandes de Potemkine ce jour-là,
Clémence à la voile d’avant et son père Philippe à la barre.
On a également embarqué ce jour-là, des habitués des ballades en juillet. Mais d’habitude, justement, il y avait pas autant de vent.
Pas de quoi effrayer les plus jeunes qui s’accommodent fort bien de ce vent d’Ouest qui va nous obliger à faire plus de bords que d’habitude avant d’arriver aux Caraïbes.
Coup d’œil sur les nouvelles cartes du lac fournies par IGN :
Le « progrès » a consisté à supprimer tous les hauts-fonds et à surcharger les informations touristiques… la plupart du temps erronées.
Carte du chemin du retour :
On remarquera que Philippe, pour changer d’amure au vent arrière, a pris l’option de repasser au vent de face pour virer classiquement vent de face. Puis on ouvre les voiles pour retrouver l’allure de Grand Largue qui nous amène au corps mort.
Et le corps mort, par force 4, on peut le rater…
A suivre dans le nouvel article de Mi-Juillet.